Fatigue chronique : et si le vrai problème venait du multitâche permanent ?

L’épuisement persistant touche de plus en plus de personnes, particulièrement dans notre société hyperconnectée. Cette fatigue chronique pourrait bien trouver ses racines dans notre fonctionnement mental permanent, où le cerveau jongle constamment entre plusieurs tâches sans jamais s’arrêter.

Le fonctionnement multitâche, générateur d’épuisement mental

Le cerveau humain n’est pas conçu pour gérer simultanément une multitude de tâches complexes. Pourtant, notre quotidien nous impose cette gestion permanente de sollicitations diverses. Le fonctionnement en arborescence caractérise particulièrement les personnes à haut potentiel, où les idées s’enchaînent rapidement et génèrent une multitude d’autres pensées, contrairement au mode linéaire habituel.

Cette activité cérébrale foisonnante se traduit par un cerveau en « ébullition » perpétuelle. Les pensées fusent sans relâche, passant d’une idée à l’autre sans pouvoir s’arrêter. La curiosité extrême et insatiable accompagne ce besoin constant de comprendre le « pourquoi » de tout. Cette hyperstimulabilité traduit un besoin incessant de stimulation, une recherche du « toujours plus » qui peut aller jusqu’à l’atteinte de ses propres limites.

L’attention décroche quand la personne se trouve insuffisamment stimulée, vagabondant d’idée en idée par des liens infimes. Cette instabilité psychique se manifeste par des décrochages d’attention, une distractibilité, des oublis fréquents et des difficultés à mener des tâches à terme.

Symptômes du multitâche permanentManifestations observées
Épuisement émotionnelSentiment d’être vidé de ses ressources
DépersonnalisationCynisme envers l’environnement
Non-accomplissementPerte du sentiment d’efficacité
HypersensibilitéÉmotions ressenties intensément

Spécificités féminines du multitâche permanent

Les femmes présentent un déficit de sommeil supérieur de 20% à celui des hommes, se couchant systématiquement après l’heure recommandée par leur horloge biologique. Cette fatigue s’explique par une double journée de travail particulièrement marquée : 91% des hommes ne repassent pas, 60% ne font pas le ménage et 50% n’utilisent pas les fourneaux.

La « parentalité permanente » reste majoritairement l’apanage des femmes. Le cerveau féminin fonctionne en permanence en mode multitâche, gérant simultanément les impératifs professionnels et familiaux. Cette hétérogénéité d’identités permanente – à la fois mère, épouse et professionnelle – génère une fatigue liée à la gestion des conflits entre ces différentes identités.

Plus de la moitié des femmes cadres continuent de travailler le week-end, 30% travaillant même en vacances. La légendaire culpabilité féminine pousse à accepter l’inacceptable et à rogner sur le temps de repos. Les entreprises exploitent cette culpabilité, sachant les mères « corvéables à merci« . Cette fatigue naît aussi d’une plus faible reconnaissance professionnelle, les femmes occupant encore des positions hiérarchiques moindres.

Quand l’engagement professionnel devient source d’épuisement

Le burnout professionnel ou syndrome d’épuisement, initialement identifié parmi le personnel soignant, peut concerner toutes les professions demandant un engagement personnel intense. Il se caractérise par trois dimensions principales interconnectées.

L’épuisement émotionnel constitue le premier pilier, avec un sentiment d’être complètement vidé de ses ressources. La dépersonnalisation ou cynisme envers l’environnement de travail représente le deuxième aspect, suivi du sentiment de non-accomplissement personnel qui complète ce triptyque destructeur.

Les facteurs de risque incluent plusieurs éléments critiques :

  • La surcharge de travail et la pression temporelle constante
  • Le faible contrôle sur son activité professionnelle
  • Le manque de soutien social et d’équité au travail
  • Les conflits éthiques autour de la qualité du travail

Cette surcharge peut évoluer vers un Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans hyperactivité et un syndrome dysexécutif. L’hyperactivité motrice traduit un besoin incessant de stimulation corporelle, prolongement au niveau moteur de l’hyperstimulation cognitive permanente.

Solutions et perspectives de récupération

La prévention collective du burnout nécessite de réduire les exigences professionnelles et d’augmenter les ressources disponibles. Il faut éviter la surcharge de certains postes, favoriser le soutien social, améliorer la reconnaissance du travail accompli et éviter les conflits éthiques.

L’activité physique constitue un levier puissant pour lutter contre la fatigue mentale et physique. Le mouvement permet de remettre le corps en action, d’activer le métabolisme, de libérer des hormones comme la dopamine et l’endorphine. Cette activité physique encadrée améliore la qualité du sommeil et fait le ménage dans sa tête en se déconnectant physiologiquement.

La prise en charge doit être individualisée et ne peut se limiter aux questionnaires standardisés. Le « faux self » résulte de l’adaptation de sa personnalité aux attentes de l’environnement, au détriment de ses besoins propres. Cette sur-adaptation peut conduire à un fonctionnement excessif qui asphyxie la personnalité authentique.

Reconnaître ces mécanismes permet d’amorcer un changement vers un équilibre plus sain, où la gestion des priorités remplace le multitâche permanent destructeur.