Les tensions internes à France Télévisions atteignent un niveau critique après la diffusion d’informations erronées concernant l’assassinat du professeur Dominique Bernard. Cette erreur factuelle, répétée dans deux journaux télévisés consécutifs, révèle selon les syndicats des dysfonctionnements structurels profonds qui dépassent largement le simple incident technique.
Une erreur factuelle qui expose les failles du système éditorial
Le 14 octobre 2025, Julian Bugier puis Léa Salamé ont successivement affirmé à tort que Dominique Bernard avait été tué pour avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves. Cette information inexacte, initialement diffusée lors du journal de 13 heures, a été reprise mécaniquement dans l’édition de 20 heures par un simple copié-collé du prompteur.
L’origine de cette erreur révèle une méthode de travail problématique : aucune vérification n’a été effectuée entre les deux éditions. Le professeur d’Arras avait effectivement été assassiné par un ancien élève radicalisé, mais les circonstances différaient totalement de celles de Samuel Paty. Cette confusion entre deux drames distincts illustre les défaillances du processus de validation des informations au sein de la rédaction.
| Aspect | Problème identifié | Conséquence |
|---|---|---|
| Vérification | Absence de contrôle entre éditions | Répétition de l’erreur |
| Réaction | Pas de rectificatif en direct | Diffusion prolongée de fausses informations |
| Hiérarchie | Multiplicité des responsables sans efficacité | Dilution des responsabilités |
Les syndicats dénoncent un « cocktail toxique » organisationnel
La CGT France TV n’y va pas par quatre chemins dans son communiqué : « Le navire amiral du 20h est en train de couler ». Cette métaphore maritime traduit l’inquiétude profonde des représentants du personnel face à ce qu’ils perçoivent comme l’effondrement d’un modèle éditorial historique.
Les griefs syndicaux pointent plusieurs dysfonctionnements majeurs :
- Une hiérarchie pléthorique mais inefficace avec de multiples niveaux de validation
- Des dérives éditoriales privilégiant le fait divers et le people
- Un manque de diversité dans les approches journalistiques
- Une concentration des décisions éditoriales dans un cercle restreint
Le SNJ complète cette analyse en qualifiant l’erreur d’« impardonnable » et s’interroge sur la répétition du même dysfonctionnement dans la même journée. Cette situation révèle selon eux des dysfonctionnements internes très inquiétants qui ne peuvent être résolus par un simple communiqué d’excuses.
Des incidents récurrents qui fragilisent la crédibilité
L’erreur sur Dominique Bernard s’inscrit dans une série d’incidents récents qui alimentent les critiques. La couverture du mouvement « Bloquons tout » en septembre avait déjà suscité des remous, tout comme l’interview de Marion Cotillard où des questions sur sa vie privée avaient créé un malaise apparent à l’antenne.
Ces épisodes répétés dessinent un tableau préoccupant pour l’avenir du journal de 20 heures de France 2. Les professionnels du secteur observent avec attention cette période de turbulences qui pourrait impacter durablement l’image du service public audiovisuel. La gestion de ces crises met en lumière l’importance cruciale de la santé mentale au travail dans les environnements médiatiques soumis à une pression constante.
Alexandre Kara, directeur de l’information, a reconnu la nécessité d’améliorer la chaîne de contrôle éditorial, admettant que les dispositifs actuels s’avèrent insuffisants. Cette reconnaissance officielle ouvre la voie à des réformes structurelles que réclament les syndicats à travers une demande de rencontre urgente avec la direction.
