Soudan : cette initiative méconnue pourrait remporter le prix Nobel de la paix

Les forces de soutien rapide et l’armée soudanaise s’affrontent depuis avril 2023, plongeant le pays dans une crise humanitaire sans précédent. Au cœur de cette tragédie, une initiative citoyenne remarquable émerge comme favorite pour le Nobel de la paix 2024. Les Emergency Response Rooms (ERR) devancent largement Donald Trump dans les pronostics des sites de paris, incarnant l’espoir face à la détresse.

Les Emergency Response Rooms, un mouvement citoyen exceptionnel au Soudan

Les Cellules d’intervention d’urgence représentent un réseau de milliers de bénévoles soudanais qui risquent quotidiennement leur vie pour maintenir la solidarité nationale. Ces groupes d’entraide organisent spontanément des cuisines communautaires, coordonnent les évacuations d’urgence et fournissent une assistance médicale vitale aux populations déplacées.

L’initiative trouve ses racines dans les comités de résistance qui ont contribué à renverser le dictateur Omar el-Béchir en 2019. Face à l’effondrement des services publics et des infrastructures, ces volontaires comblent le vide laissé par l’absence d’État fonctionnel. Leur action dépasse la simple aide humanitaire : ils documentent également les exactions commises contre les civils, jouant un rôle crucial d’information.

Le prix Rafto des droits humains leur a été décerné le 17 septembre 2024. Ingrid Hoem Sjursen, présidente du comité, souligne que les ERR « sauvent des vies et maintiennent la dignité humaine, là où règnent misère et désespoir« . Cette reconnaissance internationale préfigure leur possible consécration par le comité Nobel norvégien.

Plateforme de parisERR (Soudan)Donald Trump
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Trump face aux défis de sa candidature au prix Nobel

Le président américain considère qu’un refus du Nobel constituerait « une insulte à l’Amérique« , rappelant que Barack Obama l’avait obtenu en 2009. D’un autre côté, sa doctrine « America First » et son approche unilatérale contrastent fortement avec les idéaux promus par le comité Nobel. Øivind Stenersen, historien spécialiste du sujet, estime cette attribution « totalement impensable« .

Les experts remettent en question le bilan de paix revendiqué par Trump, qui affirme avoir mis fin à six ou sept guerres en quelques mois. Karim Haggag, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, insiste sur la nécessité d’évaluer les « exemples clairs de réussite » dans les efforts de rétablissement de la paix.

La suspension du financement américain pour l’aide humanitaire au Soudan a paradoxalement aggravé la situation que les ERR tentent de résoudre. Cette décision illustre les contradictions entre la politique trumpienne et les valeurs de coopération multilatérale défendues par le Nobel.

Une compétition mondiale pour récompenser les artisans de paix

Parmi les 338 candidatures officiellement enregistrées, plusieurs figures se démarquent dans les pronostics. Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny décédé en prison en février 2024, symbolise la résistance démocratique. L’UNRWA, organisation onusienne aidant les réfugiés palestiniens depuis 1949, reste également en lice malgré les accusations israéliennes.

Le directeur du Sipri plaide pour une reconnaissance des « médiateurs locaux et artisans de paix sur le terrain« , souvent oubliés dans les conflits du Sahel, de la Corne de l’Afrique ou du Soudan. Cette approche privilégie l’action concrète sur le terrain plutôt que la diplomatie traditionnelle.

L’attribution du prix Nobel de la paix, prévue le 10 octobre, s’accompagne d’un diplôme, d’une médaille d’or et d’un chèque de 11 millions de couronnes suédoises. Au-delà de la récompense financière, cette distinction offre une visibilité internationale cruciale pour les causes défendues.