Scandale à Toulouse : ce prêtre violeur renonce finalement à sa promotion

L’affaire qui secoue le diocèse de Toulouse depuis le mois de juin trouve son épilogue ce samedi 16 août. Dominique Spina, prêtre condamné en 2006 pour viol sur mineur, abandonne définitivement sa nomination controversée au poste de chancelier diocésain. Cette décision intervient après des semaines de polémique au sein de l’Église catholique française.

La renonciation du père Spina fait suite aux pressions exercées par la Conférence des évêques de France. Ces derniers avaient publiquement désavoué la décision de Monseigneur Guy de Kerimel, estimant qu’une telle promotion risquait de « raviver les blessures » des victimes d’abus sexuels dans l’Église.

Une condamnation lourde de conséquences

Les faits remontent à 1993 lorsque Dominique Spina exerçait son ministère dans le diocèse de Bayonne. Le religieux avait alors abusé sexuellement d’un lycéen de 16 ans, acte qui lui avait valu une condamnation à cinq années d’emprisonnement, dont une avec sursis, treize ans plus tard.

Malgré ce passé judiciaire lourd, l’archevêque de Toulouse avait choisi de promouvoir le prêtre à un poste administratif sensible. La fonction de chancelier implique notamment la gestion des actes officiels de l’archevêché et le conseil aux paroisses sur l’administration des sacrements. Cette responsabilité administrative centrale au sein du diocèse avait particulièrement choqué les observateurs.

Le parcours de Dominique Spina illustre les défis auxquels fait face l’institution catholique dans sa gestion des prêtres ayant commis des abus. Depuis sa sortie de prison, le religieux travaillait discrètement aux archives diocésaines depuis cinq années, évitant les fonctions pastorales directes.

Chronologie de l’affaireDateÉvénement
Faits d’abus1993Viol d’un mineur de 16 ans
Condamnation20065 ans de prison dont 1 avec sursis
Nomination controverséeJuin 2025Chancelier du diocèse de Toulouse
Renonciation16 août 2025Abandon du poste à la demande de l’archevêque

La « miséricorde » de l’archevêque remise en question

Monseigneur Guy de Kerimel avait initialement défendu sa décision en invoquant le parti de la miséricorde. L’archevêque estimait que les trente années écoulées depuis les faits et l’accomplissement de la peine justifiaient cette seconde chance professionnelle pour le prêtre condamné.

Cette approche clémente contrastait fortement avec les recommandations du rapport CIASE publié en 2021. La Commission indépendante sur les abus sexuels avait établi des lignes directrices strictes concernant la réintégration des clercs ayant commis des abus sexuels.

Les critiques se sont rapidement multipliées au sein de la communauté catholique. Plusieurs médias spécialisés, notamment Tribune chrétienne, avaient souligné l’incompréhension générale face à cette nomination. L’attribution simultanée du titre de délégué épiscopal aux mariages avait encore aggravé la controverse.

Un revirement tardif mais nécessaire

Face à la mobilisation générale des évêques français, l’archevêque de Toulouse a finalement demandé au père Spina de renoncer à sa promotion. Le communiqué officiel salue « la disponibilité de cœur » du prêtre dans cette démarche de retrait volontaire.

Monseigneur de Kerimel présente également ses excuses aux victimes d’abus sexuels, reconnaissant que sa décision initiale avait pu être interprétée comme un camouflet envers les victimes. Cette reconnaissance tardive témoigne de la pression exercée par l’opinion publique catholique.

L’épisode toulousain révèle les tensions persistantes au sein de l’Église catholique française concernant la gestion des prêtres ayant des antécédents judiciaires. Entre volonté de réhabilitation et protection des fidèles, l’institution peine encore à trouver un équilibre satisfaisant pour toutes les parties concernées.