Trump veut abolir cette règle mystérieuse qui paralyse les USA (vous ignorez son nom)

Depuis un mois, les États-Unis vivent une paralysie budgétaire majeure qui bloque le fonctionnement gouvernemental. Face à cette crise du shutdown américain, Donald Trump propose une solution radicale : supprimer définitivement le filibuster, cette règle séculaire du Sénat. Cette proposition divise profondément son propre camp républicain.

Le filibuster expliqué : origines et fonctionnement actuel

Le terme filibuster provient du français « flibustier », illustrant parfaitement cette pratique de « piratage » des débats parlementaires. Historiquement, le Sénat américain n’imposait aucune limite temporelle aux discussions sur les projets de loi. Les sénateurs pouvaient ainsi empêcher indéfiniment qu’un texte soit soumis au vote.

Depuis 1917, une procédure permet d’interrompre ces débats interminables, mais elle exige une supermajorité de 60 voix sur 100. Cette règle transforme chaque vote en double épreuve : d’abord obtenir 60 voix pour clôturer les débats, puis une majorité simple pour adopter le texte. Autrefois marginale, cette tactique d’obstruction est devenue quasi systématique depuis les années 1970.

Avec seulement 53 sièges républicains au Sénat, Trump ne peut atteindre ce seuil de 60 voix sur les sujets controversés. Cette situation force les deux partis à chercher des compromis bipartites, expliquant en partie l’impasse budgétaire actuelle.

Records historiques et performances mémorables du filibuster

L’histoire du filibuster regorge de performances oratoires légendaires, immortalisées notamment dans le film « Mr Smith Goes to Washington » de Frank Capra. Le record absolu appartient au sénateur ségrégationniste Strom Thurmond, qui s’opposa durant des heures à une loi sur les droits civiques en 1957.

Plus récemment, plusieurs élus ont marqué l’histoire de cette pratique :

SénateurDuréeAnnéeSujet
Cory Booker (Démocrate)25 heures2025Politiques de Trump
Ted Cruz (Républicain)21 heures2013Réforme santé d’Obama
Strom Thurmond24h181957Droits civiques

Aujourd’hui, l’obstruction ne nécessite plus forcément ces marathons oratoires spectaculaires. Une simple déclaration d’intention suffit souvent à déclencher la procédure, rendant le filibuster plus accessible mais aussi plus fréquent.

L’option nucléaire : une arme à double tranchant

Face au filibuster existe l’« option nucléaire », permettant exceptionnellement de voter à la majorité simple. Cette appellation dramatique reflète les risques d’escalade et de représailles lors des alternances politiques. Les républicains l’ont utilisée en 2017 pour les nominations à la Cour suprême, abaissant le seuil de 60 à 51 voix.

Le message de Trump sur Truth Social reste ambigu : il évoque simultanément l’option nucléaire et la suppression définitive du filibuster. Ces deux approches semblent pourtant contradictoires, l’une étant ponctuelle quand l’autre serait permanente. Cette confusion révèle peut-être une stratégie de communication plutôt qu’une proposition législative précise.

Résistance républicaine face aux ambitions présidentielles

Malgré les pressions présidentielles, de nombreux leaders républicains s’opposent fermement à cette réforme. John Thune, chef de la majorité sénatoriale, qualifie le filibuster de « rempart contre de graves conséquences pour le pays ». Cette position illustre les divisions internes du parti.

Les arguments des opposants républicains révèlent leurs craintes stratégiques :

  • Transformation de Porto Rico et Washington DC en États fédérés
  • Modification de la composition de la Cour suprême
  • Risque de « transformation communiste » selon Mike Johnson
  • Précédent dangereux pour les futures majorités démocrates

John Barrasso, sénateur du Wyoming, souligne particulièrement les risques d’expansion démocrate du Sénat. Mike Johnson va plus loin, évoquant une menace existentielle pour le système politique américain. Cette résistance bipartite rappelle que Trump avait déjà échoué sur ce dossier lors de son premier mandat, présageant de nouvelles difficultés pour concrétiser cette ambition controversée.